Deux mardis par mois, je viens à la rencontre de quelques per-sonnes que je connais et d’autres que je croise dans le cou-loir. Les douces journées de cet automne nous incitent à profiter du jardin.
Un mardi, l’opportunité se présente pour une dame que je connais depuis longtemps et qui, avec son grand âge, a su garder longtemps une autonomie. En se laissant guider par ses quelques petits pas, elle choisit, avec une certaine autorité, un en-droit stratégique pour profiter d’une ambiance. Les « quelques pas » sont devenus trop faibles, maintenant. Ceci nous donne la possibilité d’utiliser le fauteuil roulant, de faire une échappée à l’extérieur et d’agrandir les champs d’observation: ce fût un grand moment de bonheur. « C’est beau » dit-elle continuellement en levant ses bras vers les fleurs, les arbres, et tout ce qui s’offre à son regard. Telle une reine dans sa limousine, elle salue toutes les personnes rencon-trées. Nous finissons notre tour en nous asseyant près de la fon-taine. D’un mouvement alerte, elle pose ses pieds sur le rebord, à la manière d’ une jeune femme qui prend ses aises.
J’ai partagé un moment d’émerveillement avec une dame qui a oublié ses 100 ans, le temps d’une retrouvaille avec la nature.
Isabelle Ducloy, bénévole